Biographie
Max Pinchard (1928-2009), repères biographiques
Dans un article publié en 1976 dans la Revue du Son, le musicologue Joël-Marie Fauquet a pu écrire : « Max Pinchard est un indépendant qui chante dans son arbre généalogique. À vrai dire, il nous plaît de témoigner ici sur un homme qui est en musique. Être en musique signifie, bien sûr, composer, mais également agir à tous les niveaux de communication et de l'échange dans et par la musique. »
Photo : André Malbète
Le musicien Max Pinchard, né au Havre en 1928, est l'auteur d'une œuvre variée qui associe, à côté d'un travail de critique et d'animateur musical, la composition de grandes pages orchestrales, de concertos pour divers instruments, de fresques chorales et vocales, et de toutes les formes de musique de chambre, ainsi que d'hommages aux instruments solistes, en particulier, le piano et les cordes.
On dénombre ainsi : 4 symphonies, 3 mouvements symphoniques, 9 concertos pour violon, alto, violoncelle, flûtes, clarinette, clavecin, orgue, piano ; 4 quatuors pour diverses formations instrumentales, des œuvres de musique de chambre, des pages chorales et vocales, 7 cantates sur des sujets profanes ou religieux, 4 oratorios pour solistes, chœurs et orchestre, etc.
Chez Max Pinchard, l'homme d'action a beaucoup apporté au compositeur et l'un serait difficilement concevable sans l'autre. Il a exercé les fonctions suivantes :
- Enseignant, pendant de nombreuses années, au Lycée François 1er du Havre (de 1953 à 1972), au Conservatoire National de Région de Rouen (classe d'Histoire de la Musique, Classe d'orchestre) ainsi qu'à la Faculté des Lettres de Mont-Saint-Aignan, il eut toujours à cœur de faire découvrir et aimer la musique classique et contemporaine.
- Directeur de Conservatoires de musique, à Saint-Étienne du Rouvray, à Grand-Couronne et Petit-Couronne, de 1972 à 1991, il eut toujours le souci de faire partager au plus grand nombre, les chefs-d'œuvre de la musique.
- Président de la Maison de la Culture André Malraux du Havre de 1964 à 1968.
- Critique musical aux revues Diapason, Revue du Son, pendant plus de vingt années.
- Auteur de plusieurs ouvrages :
- Introduction à l'Art Musical (1957)
- Connaissance de Georges Migot, Musicien Français, Éditions Ouvrières (1959)
- Ma Discothèque Classique, Édition Marabout, (1963)
- Ma Discothèque de Variétés, Édition Marabout (1964)
- A la Recherche de la Musique Vivante, Les Éditions de l'Atelier (1967)
- Influence du Chant Grégorien sur la Musique, Éditions Labergerie-Mame
- Encyclopédie des Musiques Sacrées, Tome II (1969)
- Encyclopédie des Musiques Sacrées, Tome III (1971)
- Les Musiciens de l'Espérance, André Caplet, Lili Boulanger, Jean Cartan, Éditions Labergerie-Mame
- Animateur de Collections musicales et pédagogiques aux Éditions ouvrières (Éditions de l'Atelier) reprises par les Éditions Heugel, aux Éditions du Chant du Monde.
- Chef d'orchestre, tourné essentiellement vers la création d'œuvres contemporaines, a souvent été invité à diriger l'Ensemble orchestral de Normandie.
- Membre du Conseil Economique et Social de Haute Normandie (de 1983 à 2001) au titre de la Culture.
- Membre de l'Académie des Sciences, Belles-lettres et Arts de Rouen (depuis 1979).
- Chevalier dans l'Ordre des Palmes Académiques (1968).
- Chevalier dans l'Ordre des Arts et des Lettres (1990).
Avec Joël-Marie Fauquet encore, nous pouvons affirmer que « le lyrisme ardent de Max Pinchard est le développement d'une exclamation autant que d'une interrogation ». Qu'il nous soit également permis de rappeler ces lignes de Marc Honegger publiées dans le Dictionnaire usuel de la musique -les Savoirs- (Bordas) : « Max Pinchard a été élève d'Albert Beaucamp (harmonie) et de Georges Migot (composition). Après avoir été attiré par l'École de Vienne (Alban Berg), il a trouvé sa propre voie au contact de Georges Migot qui lui a révélé les secrets d'une pensée modale et d'une écriture linéaire. Bien qu'attentif à l'évolution de l'art de son temps, Max Pinchard est un musicien indépendant qui veut, à tout prix, rester fidèle à une certaine conception de la musique comme art de communication humaine. »
L'œuvre de Max Pinchard se nourrit de cette volonté, de cet engagement quotidien. Dans ses œuvres, il a toujours été soucieux de transmettre, dans des formes rigoureuses, un discours lyrique pouvant être accueilli et partagé. Il n'a cessé de rester fidèle au rôle déterminant de la mélodie. Pour lui, c'est une respiration naturelle, vitale. À la façon des déchanteurs du haut Moyen-Âge, le musicien a fait sien cet aphorisme : « Il faudra, d'abord, composer une mélodie, la plus belle qu'il se pourra. »
De nombreux signes prouvent aujourd'hui que le public adhère à une œuvre lorsqu'elle est porteuse d'un moyen d'expression direct et libre dans son devenir. Il aime ce qui est habité par la tendresse et la détermination.
Le combat de l'artiste se situe au milieu de ces contraires, il est constamment déséquilibre et point d'ancrage. Il est hésitation et conviction portées au cours des problèmes de notre temps. Il trouve les autres en se cherchant. Son témoignage est d'affronter la contradiction.
La création artistique est certes une ascèse, un dénuement. Il faut surtout apprendre à reconnaître l'autre, à écouter la mélodie de son chant intérieur ou à se laisser brûler par la flamme de ses interrogations, et comme l'écrit le compositeur Georges Migot : « L'œuvre n'est pas une abstraction, mais un rayonnement. Elle n'est pas un égoïsme, mais un don, un don alterné du cœur à l'intelligence et de l'intelligence au cœur. »